À propos des mères en lutte

Le 27 octobre dernier, la CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) a rendu un premier avis à propos des mères en lutte. La commission reçoit en effet, depuis son installation en mars dernier, des centaines d’appels de la part de mères suspectées de manipuler leur enfant ayant révélé des violences sexuelles de la part du père.

Ces mères qui portent plainte pour protéger leur enfant se voient parfois condamnées pour non-présentation d’enfant ou retirer la garde au profit du père. Aussi la CIIVISE a rendu trois recommandations pour assurer la sécurité de l’enfant dès les premières révélations et celle du parent protecteur, qui est le plus souvent la mère.

Il s’agit d’en finir avec la présomption de culpabilité des mères, qui cherchent à protéger leur enfant et qui risquent, en cas de non-représentation d’enfant, une peine d’emprisonnement d’un an, 15 000 euros d’amende et la perte de la garde. Ces poursuites des mères qui dénoncent des violences sexuelles incestueuses traduisent la difficulté de la société et des professionnel·les à prendre au sérieux la parole des enfants et celle des mères. Croire l’enfant est un principe de précaution. Car un enfant qui révèle des violences et qui n’est pas cru risque un effondrement psychique et perd confiance dans le monde des adultes.

Protéger la mère, c’est déjà protéger l’enfant. Ainsi le pseudo syndrome d’aliénation parentale, largement diffusé dans la pensée et les pratiques des professionnels, contribue à l’invisibilisation des violences sexuelles faites aux enfants et rend impossible d’être un parent protecteur, puisque la mère tentant de protéger son enfant se trouve accusée de le manipuler. La CIIVISE appelle donc à proscrire le recours à ce pseudo syndrome d’aliénation parentale.

Elle recommande de « prévoir la suspension de plein droit de l’exercice de l’autorité parentale et des droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi pour viol ou agression sexuelle incestueuse contre son enfant » ; de « suspendre les poursuites pénales pour non-représentation d’enfants contre un parent lorsqu’une enquête est en cours contre l’autre parent pour violences sexuelles incestueuses » et de « prévoir dans la loi le retrait systématique de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour violences sexuelles incestueuses contre son enfant ». 

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