Le portrait : Veronica LUPU

L’avocate Veronica Lupu : un engagement de toute une vie pour les droits des femmes et la lutte contre la traite des femmes.
On la connaît surtout internationalement depuis le tournant des années 2000 lorsqu’elle s’est engagée pour sauver de la traite et de l’exploitation sexuelle plus de 100 femmes Moldaves emprisonnées dans les geôles des pays du Golfe. Aujourd’hui comme hier, sa détermination et son courage restent sans faille face aux défis de son pays. 

Grande et belle femme blonde, Veronica Lupu féministe et juriste moldave en visite à Paris qu’elle n’a pas vu depuis des décennies, regarde autour d’elle avec bonheur. Si elle est ici en ce début avril, accompagnée par quelques membres de l’association des Femmes Juristes qu’elle préside, c’est pour plaider sa cause, celle de la défense des femmes de son pays victimes de traite, auprès de personnalités françaises, mais elle ne peut s’empêcher de vouloir revisiter la capitale. 

-”Nous venons du pays le plus pauvre d’Europe, coincé entre la Russie et l’Ukraine, alors comment ne pas vouloir profiter de ce séjour!” souffle-t-elle entre deux rendez-vous et en préparant sa rencontre avec Laurence Rossignol. Depuis plus de vingt ans, cette infatigable militante pour l’égalité  ( elle fut aussi la présidente de la Plateforme pour l’Egalité de genre) lutte contre la situation qui prévaut dans son petit état de 2,6 millions d’habitants, gangréné par la corruption et la pauvreté, cette même pauvreté qui pousse depuis toujours les jeunes paysannes des campagnes dans les bras des trafiquants. Ceux-ci les attirent  vers les pays d’Europe avec des promesses de vie meilleure qui débouchent sur de la prostitution. Mais pourquoi ces rendez-vous en France? 

-“Vous ne le savez sans doute pas, mais il y a beaucoup de victimes de traite en France qui viennent de Moldavie, des femmes mais aussi des enfants car la traite concerne à la fois la prostitution, le travail et la mendicité. Ce système existe depuis très longtemps et est relativement admis par les autorités de notre pays. Il n’est pas rare que celles-ci nous répondent que les femmes ont choisi ce destin et qu’il n’y a rien à faire. Alors nous nous concentrons sur la défense des enfants victimes de violences sexuelles; Hélas, avec la guerre d’Ukraine, beaucoup de criminels sont venus chez nous et profitent de la vulnérabilité des réfugié.e.s…Heureusement, la Moldavie procure à tous les réfugiés une ‘protection temporaire” et est censée les loger, et c’est là que notre association intervient, en aidant sur le plan juridique, médical, etc…, mais n’oubliez pas le poids que plus de 100.000 réfugiés peuvent faire peser sur un pays aussi pauvre!”

La petite équipe de Veronica est bientôt repartie organiser, comme ces juristes en ont l’inlassable habitude, des formations pour les professionnels, policiers, juges ou journalistes, avec l’espoir qu’un jour la société moldave toute entière ne fermera plus les yeux sur la détresse de ces femmes et comprendra que les violences sont l’affaire de toutes et tous.

Malka Marcovich & Moïra Sauvage

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