PRÉCARITÉ MENSTRUELLE : L’INFLATION CREUSE ENCORE LES INÉGALITÉS ENTRE LES FEMMES

Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), la précarité menstruelle qualifie « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus ». A cela se rajoute les coûts des antidouleurs, ou des sous-vêtements.

Dans un rapport d’information fait au nom de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (ici), les règles coûtent entre 100 et 150€ par an sur une période de 30 à 40 ans en moyenne (chiffres CAF). Ceci est une moyenne basse. En effet, en y intégrant les anti-douleurs, les honoraires des médecins, le renouvellement de vêtements, le budget peut monter entre 8000 et 23000 euros. La facture est salée !

En 2023, près de 4 millions de personnes font face quotidiennement à la précarité menstruelle et donc ne peuvent pas vivre dignement leurs règles. Ce chiffre a doublé en seulement deux ans ! (chiffres Règles élémentaires – Opinion Way). 4 millions, c’est presque le tiers des femmes menstruées en France.

En 2018, la Drees publiait une étude sur le poids des dépenses pré-engagées (c’est-à-dire engagées par contrat – loyer, assurances, prêts, …). Après les dépenses pré-engagées et la nourriture, il ne reste que 180€ aux 10% les plus pauvres à la fin du mois, contre 1890€ pour les 10% les plus riches. 10 à 15€ par mois de protections périodiques, les règles représentent plus de 5% de ce budget contre 0,5% pour les plus riches : l’impact n’est pas vraiment le même.

L’inflation galopante de ces derniers mois n’a pas épargné les protections périodiques. Sur un an, entre mars 2022 et mars 2023, le prix moyen d’un paquet de serviettes a augmenté de 0,25€ et celui d’une boîte de tampons de 0,30€ (chiffres France Info – NielsenIQ). Les protections périodiques sont les grandes oubliées des paniers anti-inflation proposés.

Certes, dès 2024, les protections périodiques réutilisables (culottes et coupes) seront remboursées pour les moins de 25 ans. Mais les femmes de moins de 25 ans ne représentent qu’un quart des femmes qui subissent la précarité menstruelle. Que vont faire les 3 millions d’autres ? 

Nous ne pouvons accepter que de l’essuie-tout ou du papier toilette soient la seule protection de fortune pour 11% des Françaises. Au-delà d’un problème sanitaire, ces femmes font face à un véritable problème social, avec une perte d’estime de soi, parfois un renoncement à sortir de chez soi ou à faire certaines activités.

Nous réclamons des mesures fortes afin que vivre ses règles dans la dignité soit un droit et pas seulement un choix.

Camille Kleinpeter

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